« Osez, la Suisse est un pays merveilleux ! »

Imaginez : vous êtes chef∙fe des ressources humaines dans la production. Lundi matin, vous accueillez un nouvel employé. Il connait déjà les collègues, les processus et même jusqu’au programme de timbrage. Un scénario idéal, n’est-ce pas ?
Dans une société qui prône l’innovation et la fuite en avant, le retour chez un employeur que l’on a choisi ou été contraint de quitter peut sembler étonnant. Le phénomène semble pourtant prendre de l’ampleur, et les ressources humaines valorisent parfois l’expérience accumulée pour favoriser les retours -surtout en période de pénurie de main d’œuvre qualifiée.
Le monde du travail change et les générations deviennent de plus en plus mobiles. Autrefois, la fidélité au même employeur était la norme : une démission présupposait conflits et insatisfactions. Ainsi, un employé∙e qui assume de vouloir retourner dans son ancienne entreprise risquait de passer pour une personne instable, qui ne sait pas ce qu’elle veut. À présent, le taux de rotation sur le marché du travail est très élevé. Il est fréquent de changer d’emploi simplement pour diversifier ses expériences. Dans ce cas, un départ n’engendre normalement pas de rancœurs personnelles -le terrain est donc favorable à un retour éventuel.
L’agence de recrutement Robert Walters, très présent sur le marché suisse, a chiffré le phénomène. Actuellement, 65% des salarié∙es interrogé∙es se déclarent prêt à changer d’emploi dans le courant de l’année. Plus intéressant encore : en 2024, 69% des professionnel∙les seraient disposé∙es à retourner chez leur ancien employeur, et 79% des ressources humaines, prêtes à réembaucher un∙e ancien∙ne collaborateur∙rice performant∙e. Parmi les raisons qui, du point de vue des employé∙es, favoriseraient les retours, un meilleur salaire ou un changement dans la direction a été le plus souvent évoqué, ce qui laisse entendre qu’une insatisfaction salariale ou hiérarchique figurent en tête des causes de démission.
Nous avons contacté une entreprise particulièrement ouverte à l’idée de réembaucher des ancien∙es collaborateur∙rices : Sotfcom Technologies SA, créateur et fournisseur de services dans le domaine de la transformation numérique. Active sur l’ensemble du territoire helvétique, la société fribourgeoise couvre un domaine où le personnel qualifié ne court pas les rues, et soigne particulièrement sa marque employeur. Un club d’alumni a été ainsi créé : lorsqu’un∙e employé∙e présente sa démission, on lui propose de l’intégrer, de sorte à rester en réseau avec les anciens collègues. Les alumni sont abonné∙es à une newsletter et invité∙es aux soirées-rencontres organisées par Softcom pour favoriser les échanges entre le personnel en place, ceux qui y travaillaient avant et les talents potentiels. Comme le site internet de l’entreprise l’expose très justement : « la Suisse est bien trop petite pour adopter le culte du protectionnisme, nous privilégions l’intelligence collective et l’ouverture. »
Le réseau est fondamental dans le recrutement et pour l’employeur, c’est valorisant quand les personnes souhaitent revenir. Nous soignons la relation avec les gens qui partent. Dans notre secteur, les technologies évoluent extrêmement vites et favoriser le lien permet aussi d’échanger sur ces changements. L’expérience accumulée dans un autre poste peut devenir un avantage.
Selon elle, les échanges sont d’autant plus importants que les technologies évoluent extrêmement vite : des « cafés-IA » sont régulièrement organisés, pour que l’ensemble du personnel reste à la page dans ce domaine.
Ces quelques lignes ont suscité chez vous de nouvelles idées ? Voici quelques recommandations à prendre en considération avant de devenir un∙e salarié∙e boomerang :
Créée en 2001 par deux entrepreneurs fribourgeois issus de l’école d’ingénieur, la société Softcom Technologies SA compte 90 collaborateurs et a pour mission de proposer des services de conseils et de développements de logiciels sur tout le territoire helvétique, pour accompagner les entreprises dans leur transformation digitale. Ses secteurs de prédilection sont les administrations publiques, les transports et l’énergie. Softcom est à la fois créateur et fournisseur de services. Son siège se situe à Fribourg.