
Comment refuser une promotion ?
Expliquer qu’une augmentation de salaire et de nouvelles responsabilités nous mettent dans l’embarras équivaudrait-il à se plaindre d’avoir gagné à la loterie ? A l’heure actuelle, pas forcément.
Les études récentes démontrent que les attentes de la génération Z quant à l’évolution de leur carrière sont différentes de leurs aîné∙es. Trop de responsabilité peut effrayer.
Refuser une promotion, pourquoi c’est compliqué ?
Une promotion, surtout à laquelle on ne s’attend pas et pour laquelle on n’a pas manifesté d’intérêt préalable, est un signe que notre employeur apprécie et valorise notre travail. Il est vite fait, par conséquent, de se sentir redevable pour la confiance accordée. De plus, la crainte de passer pour une personne sans ambition ou désinvestie peut rapidement se manifester.
Dans certains milieux, être promu est même la norme pour pouvoir rester dans l'entreprise. Robin, consultant en région zürichoise, témoigne : « Dans ce domaine, les gens sont en principe carriéristes car la charge de travail de base est très élevée. Il est donc normal de faire ses preuves jusqu'à la promotion. Si l'employeur juge qu'un collaborateur présent depuis plus de trois ans n'a pas les qualités requises pour devenir senior manager, cela équivaut souvent à une rupture du contrat.»
Toutefois, en cas de gros doutes ou de réelles contraintes, il est plus prudent de refuser avec une bonne conscience que de se retrouver dans un poste qui ne correspond plus à ses attentes. Avec le risque de tomber en épuisement, de voir sa motivation faiblir… et de démissionner peu de temps après. Dans cette situation, tout le monde serait perdant.
Les arguments les plus répandus
Les raisons peuvent être multiples et variées, mais certaines s’avèrent plus facilement avouables au moment d’argumenter son refus. Voici cinq arguments principaux qui peuvent conduire les salarié∙es à envisager des responsabilités supplémentaires comme une charge inopportune :
- La volonté de ne pas quitter son poste actuel ou ses collègues. D’autant qu’être promu au rang de supérieur hiérarchique reconfigure les dynamiques intrapersonnelles au sein d’une équipe.
- La peur ou le manque d’envie de se former à de nouveaux processus de travail. L’étoffe d’un leader n’est pas donnée à tout le monde. En cas de promotion impliquant des tâches d’encadrement, le fait de gérer les plannings ou les absences des collaborateurs peut dissuader.
- La crainte du surmenage : l’image du cadre qui travaille même les dimanches est encore bien présente dans les esprits, et parfois avérée en pratique. Qui dit plus de responsabilité sous-entend aussi moins de temps libre. Dans un monde professionnel qui aspire à une meilleure conciliation entre carrière et vie privée, ce n’est plus la tendance.
- Une réorientation envisagée : vaut-il la peine de s’investir dans un nouveau poste si l’on ne se projette pas à long terme dans une entreprise ? Il s’agit d’un sujet plus délicat à aborder ouvertement mais de nos jours, il est devenu presque démodé de passer trente ans dans la même entreprise. Les parcours professionnels sont mobiles et rarement linéaires ; il est possible de réorienter sa carrière sur le tard.
La tendance chez les jeunes
Plusieurs études récentes démontrent que la génération Z aspire de moins en moins à devenir manager. Une recherche en Angleterre a même soulevé que 16% des moins de 30 ans rejetteraient d’office toute fonction impliquant de la gestion d’équipe. Le phénomène a déjà un anglicisme à son nom, « conscious unbossing », et découle en partie des nouvelles notions de « réussite » dans la vie, qui ne lie plus directement l’accomplissement à la carrière uniquement. Notre sondage effectué à l’automne 2024 sur les attentes salariales des employé∙es a démontré que les jeunes seraient d’ailleurs plus nombreux à préférer une diminution du temps de travail à une augmentation.
Etude sur les attentes des salarié-es
Refuser une promotion : la bonne attitude
- Exprimer sa gratitude : remercier son employeur pour la confiance accordée est important en premier lieu.
- Prendre le temps de réfléchir : même si l’on est certain d’un refus ferme, demander un délai de réflexion est, dans tous les cas, légitime et bienvenu, surtout si la proposition survient du jour au lendemain.
- Rester honnête… mais pas forcément transparent : exposer les raisons de son refus est important, mais il n’est pas requis d’exposer les détails de sa vie privée -ni, si c’est le cas, de devoir verbaliser son intention prochaine de quitter l’entreprise.
- Montrer son engagement par d’autres moyens : vouloir rester au même poste, c’est aussi aller jusqu’au bout des projets en cours ; dans ce cas, cela peut devenir une preuve de fidélité et d’investissement.
- Proposer des conditions : si vous hésitez à cause de certains points particuliers qui pourraient être améliorés, vous êtes dans la bonne posture pour négocier. Si vous craignez de n’avoir pas les compétences requises pour le poste, c’est le bon moment de proposer que votre employeur vous finance une formation continue, par exemple.
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