
Que représente la sécurité psychologique ?
La sécurité sur le lieu de travail est bien souvent liée à la prévention des accidents professionnels. Pourtant, en ces temps pétris d’incertitude, on évoque de plus en plus le besoin des employé∙es d’être entendus, suffisamment informé∙es et encouragé∙es à prendre des initiatives. L’instauration d’un climat de confiance devient alors fondamentale.
Qu’entend-on par sécurité psychologique ?
Dans le monde du travail, la sécurité psychologique représente la perception d’un individu à avoir le droit de s’exprimer librement ou de prendre des initiatives sans jugement ou conséquences négatives. Si la sécurité psychologique est élevée, les erreurs sont communément admises et facilement avouables. Il devient permis de montrer sa vulnérabilité si besoin. De plus, la prise d’initiatives novatrices, voire de risques, ne sont pas sujettes à des reproches.
Pourquoi est-ce important ?
La sécurité psychologique a une grosse influence sur l’instauration d’une culture de travail saine et le bien-être en entreprise. Si les employé∙es se sentent en confiance, ils/elles sont plus disposé∙es à apprendre de nouvelles choses, se sentent impliqué∙es et par conséquent, restent motivé∙es. Les échanges internes sont favorisés car chacun a droit à la parole ; le travail d’équipe fonctionne mieux, parce qu’ils/elles ne restent pas en retrait. Cela renforce les processus créatifs et la capacité d’innovation. Cela permet aussi de lutter contre l’absentéisme : une étude récente démontre qu’en Suisse, les conflits représentent une source importante d’épuisement professionnel, et que les personnes ont plus facilement tendance à se mettre en arrêt maladie que de confronter leur hiérarchie en cas de désaccord.
En pratique, la sécurité psychologique au travail permet ainsi de :
- Favoriser le sentiment d’inclusion dans une équipe
- Promouvoir l’apprentissage par le droit de poser des questions, recevoir des feedbacks et rebondir sur les éventuelles erreurs
- Renforcer l’autonomie et la prise de responsabilités individuelles
- Encourager les remises en question dans un processus d’amélioration et d’innovation continue
Comment l’encourager ?
L’attitude des employeurs et la culture d’entreprise exercent une grande influence sur la promotion de la sécurité psychologique au travail. Cela implique bien souvent des changements en profondeur qui ne se font pas du jour au lendemain.
Il s'agit d'un processus complexe, mais cela peut commencer par les mesures suivantes :
- Encourager les tours de table où chacun peut s’exprimer
- Proposer un entretien annuel systématique
- Délivrer des feedbacks constructifs, même en cas d’erreur
- Montrer de l’empathie en cas de difficultés
- Favoriser le team building
- Faire preuve de transparence en matière de communication
Les dirigeant·es ont donc une fonction clé dans l'instauration d'un climat de confiance. En parallèle, les collaborateur∙rices ont également leur rôle à jouer, par leur attitude envers les collègues (écouter, ne pas juger) ou leur implication (poser des questions, se montrer ouvert au changement et cultiver l’envie d’apprendre).
« Ces mesures ne peuvent certes pas éliminer toutes les incertitudes auxquelles le travail actuel est sujet, mais il devient plus facile d'y faire face. Les collaborateur·rices se sentent davantage écouté·es, une place est donnée aux émotions et aux stratégies d'adaptations. »

Un besoin dans l’ère du temps
Bouleversements politiques, réduction de l’horaire de travail, droits de douane… Ce n’est un secret pour personne que nous vivons des temps compliqués. Or, entre défis à venir et ressources pour rebondir, le plus difficile est peut-être de ne pas savoir où l’on va. Ainsi, la sécurité psychologique signifie aussi l’implication des employé∙es dans les processus de gestion du changement. Les personnes doivent être informé∙es suffisamment tôt des changements qui s’amorcent, et impliqué∙es dans les décisions importantes, directement ou par le biais des représentations d’employé∙es. Cela ne permet certes pas d'éliminer les incertitudes du monde du travail actuel, mais il devient plus facile d'y faire face lorsqu’il y de la place pour les émotions et les stratégies relationnelles.
Comment la mesurer ?
La sécurité psychologique est un sentiment et dépend en partie de nos propres perceptions. Elle n’est pas toujours ressentie de la même manière pour l’ensemble des collaborateur∙rices d’une équipe, selon les expériences vécues ou les relations avec les collègues/la hiérarchie. C’est en se posant des questions concrètes que l’on peut évaluer si on se sent en sécurité sur le lieu de travail.
On peut par exemple se demander si on se reconnait beaucoup, moyennement ou pas du tout à travers les affirmations suivantes :
« Je peux facilement aborder mon/ma responsable en cas de questions. »
« Lorsque je fais une erreur, elle est perçue comme une opportunité d'apprentissage plutôt qu'une occasion de blâme. »
« Je me sens en mesure de partager librement mes idées sans crainte de répercussions négatives. »
« Le feedback que je donne est généralement valorisé et pris en compte par mes collègues et supérieur∙es. »
« Les communications importantes de la direction sont claires et compréhensibles. »
« Je me sens respecté·e et bien intégré∙e avec les collègues. »
« Si je vis une période difficile dans ma vie privée, je peux l’évoquer au travail si besoin. »
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